Un vote à l’unanimité…
Le 10 juin 2025, le Sénat a voté à l’unanimité une proposition de loi visant à freiner l’essor fulgurant de la fast fashion, incarnée par Shein et ses prix ultra‑compétitifs. Après avoir été validée par l’Assemblée nationale il y a un an, cette initiative, portée par la députée Anne‑Cécile Violland et soutenue par l’exécutif, passe désormais la seconde étape.
Cet accord général illustre une prise de conscience collective : face à un modèle économique jugé toxique pour l’environnement et la société, la volonté de légiférer s’impose, sans chercher de clivage politique.
Sommaire
Quelles mesures concrètes ?
La loi comprend plusieurs dispositions ciblées et ambitieuses :
- Pénalité de 10 € par article
Dès 2030, les plateformes de fast fashion devront s’acquitter de 10 € pour chaque article commandé. L’idée ? Pénaliser la surproduction et le renouvellement ultra‑rapide des collections, deux caractéristiques phares du modèle rapide. - Interdiction de la publicité
Toute publicité directe ou indirecte pour les produits de fast fashion sera interdite. Les influenceurs qui continueraient à en faire la promotion s’exposent à des sanctions. C’est un coup d’arrêt porté à l’un des moteurs de ce système : l’incitation constante à consommer. - Taxe sur les petits colis importés hors UE
Afin de limiter l’invasion de colis low‑cost venant notamment de Chine, une « taxe petits colis » sera instaurée dès 2025, avec des montants allant de 2 à 4 € selon le poids et la taille. L’objectif est clair : rendre l’importation à bas coût moins avantageuse et encourager un commerce plus responsable.
En plus, l’introduction d’une « écocontribution » complète ce dispositif, en marquant chaque article d’un coût lié à son impact environnemental.
Pourquoi maintenant ?
La fast fashion, c’est quoi ? Des vêtements ultra bon marché, souvent vendus à quelques euros pièce. Le phénomène s’est amplifié avec des plateformes comme Shein, mais aussi Temu, qui proposent des quantités énormes d’articles, renouvelés en permanence. Le cycle ultra rapide génère un impact écologique majeur et lassitude chez les consommateurs, face à des vêtements jetables et peu durables.
Ce modèle crée aussi une pression économique sur les acteurs qui essaient de proposer une mode plus responsable, avec des filières locales, des matières recyclées ou éthiques. L’unanimité sénatoriale montre bien que cette pression devient intenable pour beaucoup.
Et Shein dans tout ça ?
Bien sûr, Shein est dans le viseur. Non seulement le nom symbole de la fast fashion est cité directement, mais ses pratiques – production express, envois massifs depuis la Chine, engagement minimal sur le plan environnemental – sont précisément ce que la loi cherche à encadrer.
En réaction, Shein a intensifié son lobbying en France : fin 2024, la marque a recruté plusieurs personnalités proches des sphères politique et patronale pour défendre son image. Elle tente de se repositionner comme entreprise « à la demande » plutôt que fast fashion classique. Mais la stratégie peine à convaincre, surtout à l’heure où l’accent est mis sur son impact social et écologique.
Les freins à venir
Cette loi doit encore passer en commission mixte paritaire à la rentrée. On pourrait y réécrire certains volets, notamment pour harmoniser cette législation au niveau européen. Le gouvernement veut s’assurer que la France reste à la pointe – voire pousse – de la régulation, tout en évitant de décourager les plateformes à pratiquer la revente de vêtements écoresponsables.
Ce que ça va changer pour nous
Sur le plan personnel, voilà ce qu’on peut retenir :
- Des prix un peu plus élevés sur certaines commandes étrangères, avec la taxe sur les petits colis.
- Moins de publicités pour le fast fashion, donc moins de tentations sur les réseaux sociaux.
- Une prise de conscience collective accrue : un vêtement à 3 €, c’est aujourd’hui un impact sur la planète… et bientôt dans notre facture.